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«Les oiseaux de bois» d’Asli Erdogan

La voix d’Asli Erdogan est forte, singulière, courageuse aussi. L’écrivaine turque s’est très tôt nourrie des grands textes de la littérature internationale – Faulkner, Tchekhov et tant d’autres —, ainsi que des nombreux voyages qu’elle a faits à travers le monde.

Personnalité riche, curieuse de tout, Asli Erdogan a d’abord poursuivi des études de physique nucléaire qui l’ont amenée à travailler à Genève, dans un laboratoire de recherche prestigieux. Passionnée de danse classique, elle a aussi donné des cours à Istanbul.

Les deux années qu’elle a passées à Rio de Janeiro ont inspiré son roman, devenu un livre—culte, et traduit un peu partout: La ville dont la cape est rouge. Fascinante rencontre avec soi au cœur de la mégalopolis brésilienne, ce texte est une descente aux enfers, dont les reflets multiples et chatoyants renvoient au mythe d’Orphée.

Le mandarin miraculeux se déroule à Genève dans une atmosphère nocturne, puissamment étrange, avec les errances d’un personnage central dont l’œil malade est un symbole d’une richesse infinie.

Asli Erdogan vient de publier un recueil de nouvelles, intitulé Les oiseaux de bois. On y retrouve avec le même bonheur un univers qui n’appartient qu’à elle. Dans un sanatorium en Allemagne, sorte de huis—clos, quelques femmes, malades et toutes porteuses d’une histoire se croisent, se heurtent et se rencontrent. On ne racontera pas leur marche dans la forêt, quête des profondeurs dont l’humour n’est pas absent.

Discours d’une schizophrène face à ses psychiatres puis à un chef de bande et ses acolytes dans la rue, les personnages de ces nouvelles évoluent dans un palimpseste de silences et d’histoires. Ils se frôlent parfois, au hasard du couloir de la chambre d’hôtel où ils se retrouvent échoués dans une ville de Norvège, Bosniaque, Russe ou Roumaine.

Asli ErdoganAsli Erdogan exhume peu à peu, par petites touches un passé présent jusqu’à l’obsession, pour dévoiler un destin. Ces personnages sont enfermés dans des lieux où leur parole est assourdie, où ils sont isolés les uns des autres. Elle excelle dans cet art du récit, qui est quête de leur secret, là où ils sont, dans la solitude où leur drame s’exacerbe avec la vérité de chacun d’entre eux.

Dans «Le captif», une femme est enceinte. Elle est assise dans un café, où on la regarde comme un être un peu bizarre, sans se douter de ce qui sera juste suggéré au lecteur. Asli Erdogan montre ici superbement combien son écriture reste ancrée dans les enjeux de la société d’aujourd’hui, rejoignant l’universalité pour poser le problème de la liberté en même temps que des questions existentielles.

Cette préoccupation pour le monde, Asli Erdogan la porte inscrite dans son corps, dans ces vertèbres qui ne verront pas la réparation des violences policières subies il y a quelques années, parce qu’elle n’a jamais été une femme encline à baisser la tête. C’est avec détermination, portée par la passion insufflée par l’écriture, qu’elle continue de regarder droit devant elle.


1.1.2009
FRANSA
Cécile Oumhani


 

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