Erdogan reçu à lElysée : M. Macron, noubliez pas vos engag
Le 10 janvier prochain, l’auteure turque, devenue emblème de la résistance contre le président despote, sera présente au Centre national du livre. Cette rencontre avec Aslý Erdoðan s’accompagnera de la lecture de ses textes par la comédienne Sterenn Guirriec. Cet événement se déroulera ce 10 janvier. Mais cinq jours plus tôt, le 5 janvier, c’est Erdogan, l’autre, Recep Tayyip, qui sera reçu… à l’Élysée.
Le Prix Albert Londres, la Scam, Reporters Sans Frontières et le collectif Informer n’est pas un délit, ont du mal à avaler cette pilule. Dans un communiqué commun, les organisations tentent de rappeler au président français ses engagements. Ce dernier avait en effet assuré qu’il évoquerait le sort des journalistes en Turquie à l’occasion de sa rencontre avec Recep Tayyip Erdogan à l’Élysée.
« À la veille du déjeuner entre Emmanuel Macron et son homologue turc, ce vendredi 5 janvier, nous demandons au président français de dénoncer avec fermeté l’injustice qui frappe les journalistes turcs et qui aboutit à ce que plus d’une centaine d’entre eux soient actuellement emprisonnés, déjà condamnés ou dans l’attente d’un jugement », lancent les organisations.
En effet, depuis la tentative de coup d’État de juillet 2016, c’est une guerre impitoyable contre la profession de journaliste que mène Monsieur Erdogan, avec la fermeture de très nombreux médias (télévisions, radios, quotidiens, hebdomadaires, agences de presse, sites internet), une multitude d’arrestations arbitraires, des accusations aussi absurdes que fallacieuses, des simulacres de procès menés par une institution judiciaire aux ordres du régime.
Asli Erdogan, Prix Simone de Beauvoir
pour la liberté des femmes 2018
La lutte contre le terrorisme sert ainsi de prétexte ignoble pour réprimer une profession dont l’objet, le seul, est d’informer les citoyens. Cette répression qui place la Turquie au 155e rang sur 180 pays dans le classement mondial établi par RSF doit être condamnée par Emmanuel Macron.
« Monsieur le Président, nous comptons sur vous pour tenir votre engagement et demander fermement la restauration du pluralisme et la libération des journalistes injustement emprisonnés en Turquie », déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. « La stratégie de la tension du président Erdoðan, qui électrise le climat politique et empêche la population de débattre démocratiquement, est lourde de menaces pour la Turquie comme pour l’Europe. Elle risque d’accroître l’instabilité et d’accentuer les profondes lignes de fracture d’une société très polarisée. Personne n’a intérêt à laisser la Turquie devenir ce pays imprévisible. »
« Un journaliste turc emprisonné, c’est ma liberté d’expression que l’on bâillonne ! » est le slogan illustrant la campagne « Libérez—les Tous » menée par la Scam, le Prix Albert—Londres, Reporters Sans Frontières et le collectif Informer n’est pas un délit. « Car nous sommes tous concernés par cette mise à mort de la liberté d’information en Turquie. Ne pas la dénoncer reviendrait à en être complice », soulignent—ils.
Avec le #LibérezLesTous, la campagne est portée également par des personnalités françaises qui se mobilisent en soutenant des journalistes en Turquie. Douze d’entre elles avaient en effet décidé de parrainer des journalistes de Turquie.
« Nous avons décidé de ne pas abandonner à leur sort les journalistes, les écrivains, les cinéastes, les artistes que vous avez arrêtés de manière inique, brutale et arbitraire, et que vous vous apprêtez à juger », écrivaient—ils dans une déclaration adressée à la Turquie, en juillet dernier.
Et plus que jamais d’actualité.
Pour le rendez—vous avec Asli Erdogan, rendez—vous le 10 janvier à 18h30, au CNL, réservation à l’adresse rsvp@centrenationaldulivre.fr. La traduction sera assurée par Marguerite Capelle.
https://www.actualitte.com/article/monde—edition/erdogan—recu—a—l—elysee—m—macron—n—oubliez—pas—vos—engagements/86591
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