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“femme de lettres et de lutte”, décorée par Françoise Nyssen

Ce vendredi 16 mars, Aslý Erdoðan a été décorée des insignes de Chevalier des Arts et des Lettres par Françoise Nyssen, ministre de la Culture. Si cette dernière salue la « femme de lettres et la femme de lutte », la romancière turque dédie sa médaille « à tous les écrivains emprisonnés. »

« La vie est étrange » constate Françoise Nyssen. Si elle espérait un jour rendre hommage à Aslý Erdoðan, elle ne pensait pas le faire en tant que Ministre de la Culture mais au nom de sa maison d’édition française, Actes Sud.

Aslý Erdoðan, « femme de lettres et la femme de lutte »

Quoi qu’il en soit, avant de retracer son parcours, l’ancienne éditrice s’est déclarée « fière » de pouvoir décorer l’auteure, « virtuose des mots », « hors du commun » dont elle souligne la « sensibilité. » , insistant sur l’importance de l’oeuvre d’Aslý Erdoðan, qui fait acte tant de « résistance politique » que de « résistance artistique. »

Françoise Nyssen a ainsi rappellé l’engagement constant d’Aslý Erdoðan, qui dénonce entre autres la torture et la violence, et qui a, dernier exemple en date, appelé récemment à la solidarité envers Ahmet Altan. Une autre force de l’auteure, selon elle, est de pouvoir « rire du pire. »

« En te décorant ce soir, la France reconnaît ton oeuvre et ton combat » indiquait la ministre de la Culture à l’auteure qui se tenait à ses côtés. Si Françoise Nyssen lui souhaite de pouvoir, un jour, retourner dans son pays, elle lui précise, avant de la décorer : « tu es ici chez toi. »

Une médaille dédiée aux écrivains emprisonnés

Dans son discours de remerciement, Aslý Erdoðan charge son pays, dont le président enferme chaque jour écrivains et journalistes, et prend plaisir à « tuer tous ceux qui lui tiennent tête. » La Turquie « se coupe sa propre langue, détruit sa conscience. »

La romancière turque se dit aussi reconnaissance envers la France, dont elle aime la langue, cite les noms de Saint—Exupéry et Camus. Elle déclare ne plus avoir de mot pour remercier toute la solidarité dont ont fait montre écrivains et critiques français.

Enfin, elle remercie Françoise Nyssen et Actes Sud, sa « première maison d’édition internationale. » Pour l’écrivaine, la liberté est un « miracle», avant de conclure en renouvelant sa confiance dans le pouvoir transformateur de l’art et des mots.

Une auteure symbole de l’oppression turque

Opposante au régime turc, Aslý Erdoðan est devenue un symbole de l’oppression qui règne dans son pays. Née en 1967 à Istanbul, elle écrit depuis l’âge de dix ans. Si elle étudie la physique nucléaire, elle continue d’écrire. Ses textes sont primés, et en 1994, elle commeence à publier ses ouvrages, tels La ville dont la cape est rouge ou Les oiseaux de bois, traduit en neuf langues.

Sur l’ordre du président turc Recep Tayyip Erdogan, elle passe plusieurs mois en prison, suite au coup d’État de juillet 2016. Elle est remise en liberté sous contrôle judiciaire, après plus de quatre mois d’incarcération pour délit d’opinion.

Toujours en procès, accusée d’appartenir à une organisation terroriste, elle encourt une peine de prison à vie. Cela est dû notamment à ses chroniques dans le journal pro—kurde Özgür Gündem, que l’on retrouve dans le recueil Le silence même n’est plus à toi publié chez Actes Sud dans une traduction de Julien Lapeyre de Cabanes. Dernièrement, elle a reçu le Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 2018.

Aslý Erdoðan est au Salon du livre de Paris. Dimanche 18 mars, elle rencontrera à 14h sur la Grande Scène Kamel Daoud pour « L’Acte d’écrire : Le grand entretien », en partenariat avec l’Institut Français.


https://www.actualitte.com/article/culture—arts—lettres/asl—erdo—an—femme—de—lettres—et—de—lutte—decoree—par—francoise—nyssen/87870

16.3.2018
Laure Besnier


 

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