Haberler
Haber Kaynaðý Seç

 

Asli Erdogan distinguée, sous—marins féminisés, pianistes

Chaque mois, Libération fait le point sur les histoires qui ont fait l’actualité des femmes, de leur santé, leurs libertés et leurs droits. Vingt—huitième épisode : décembre 2017. Si vous avez manqué l’épisode précédent, il est ici (et tous les autres sont là).

SANTÉ

Les femmes de plus en plus exposées aux maladies cardiaques

Certains cardiologues parlent d’une véritable «épidémie». Les maladies cardiovasculaires touchent de plus en plus les femmes. Première cause de mortalité chez ces dernières, elles tuent huit fois plus que le cancer du sein. Et ce risque est en hausse : des études ont montré une progression importante des hospitalisations, notamment chez les plus jeunes. Le nombre de femmes de moins de 65 ans hospitalisées pour un infarctus a augmenté de 19% entre 2008 et 2013 (contre 9,9% chez les hommes), souligne le Monde. Surtout étudiée chez les hommes, la maladie reste peu prise en compte et moins bien diagnostiquée chez les patientes, alors qu’elle est en pleine expansion. En cause, les évolutions du mode de vie des femmes : tabagisme, mauvaise alimentation ou encore exposition au stress, explique Stéphane Manzo—Silberman, cardiologue interrogée sur France Culture. Et la pilule ? Il y a un risque avéré quand elle est associée au tabac, dans la survenue des thromboses veineuses surtout. Dans un tiers des cas, les femmes, au—delà des douleurs, ont aussi d’autres symptômes : fatigues inhabituelles, nausées, vertiges… Autant de signes souvent mal pris en compte par les médecins et mis à tort sur le compte du stress.


CORPS, SEXUALITÉ, GENRE

L’expression «sexe faible», discriminatoire pour le dico espagnol

La modification fait suite à une mobilisation des internautes lancée en février et qui avait recueilli près de 200 000 signatures de soutien. L’Académie royale espagnole a précisé dans la dernière mise à jour de son dictionnaire en ligne, le 20 décembre, que l’expression «sexe faible» devait désormais être considérée comme péjorative ou discriminatoire. Quant à son pendant, le «sexe fort», il s’agit désormais d’une expression à connotation ironique de l’autre côté des Pyrénées, nous apprend El Mundo… Au nord de la chaîne de montagnes, dans notre Larousse en ligne hexagonal, le «sexe faible» est ainsi défini : «les femmes». On vous laissera deviner à qui correspond le «sexe fort».


SEXISME ORDINAIRE

Chez les musiciennes classiques, la tenue passe avant le génie musical

Début décembre, un critique britannique s’est interrogé sur son blog sur le choix de la pianiste Yuja Wang de jouer «en sous—vêtements». Comme l’a repéré Slate, Norman Lebrecht «se demande pourquoi» la musicienne ose jouer, non pas en sous—vêtements en réalité, mais en robe noire courte. Et visiblement, il n’est ni le seul ni le premier à interpeller la pianiste sur ses tenues, Yuja Wang ayant déjà dû se justifier en 2014 auprès du Telegraph : «J’ai 26 ans, je m’habille comme une femme de 26 ans.»

Or comme le souligne Slate, ces remarques ont tout à voir avec un fond de sexisme : quand il s’agit du pianiste Simon Ghraichy, qui porte veste en cuir et chaussures à paillettes, la presse «parle de son look de manière positive : il remue les tripes de l’auditoire dans Paris Match, il rajeunit le festival de La Chaise—Dieu dans CultureBox, il secoue le classique dans le Figaro». Pour la musicienne Khatia Buniatishvili en revanche, le ton change : Madame Figaro la qualifie de «Betty Boop du piano», tandis que le Monde souligne «la profondeur de [ses] décolletés plus que suggestifs». Pour Paris Match, la pianiste éblouit «par son génie musical autant que par un sex—appeal qu’elle met en valeur». Bref, «aux hommes l’audace et le génie musical. Aux femmes la sexualisation du corps», conlut la journaliste Aliette de Laleu.


VIOLENCES

Les femmes d’outre—mer davantage victimes de violences conjugales

C’est sept à huit fois plus que dans l’Hexagone : 7% des habitantes de Polynésie française et 19% des résidentes de Nouvelle—Calédonie ont été agressées physiquement par leur (ex—)cont au cours de l’année écoulée. En France métropolitaine, ce taux s’élève à 2,3%. L’écart est le même pour les violences sexuelles dans le cadre conjugal. Ces chiffres figurent dans une étude du Conseil économique, social et environnemental (Cese) remise fin décembre au gouvernement et qui synthétise plusieurs études chiffrées. «La réalité que décrit ce rapport doit être regardée en face, a réagi la ministre de l’Outre—Mer, Annick Girardin. Oui, le volume des violences faites aux femmes est plus important en outre—mer que dans l’hexagone.» Comment expliquer ces disparités ? Le poids des traditions patriarcales et «l’insuffisance des structures d’accueil» qui entraîne des difficultés de prise en charge des victimes. Plus étonnamment, le rapport souligne aussi le rôle de l’insularité, sur des îles où victimes et agresseurs peuvent vivre en vase clos, où tout le monde se connaît et où les mesures d’éloignement sont plus difficiles à mettre en place. En mars, le Cese avait présenté une série de recommandations pour endiguer ces violences machistes et préconisait notamment le développement de lieux d’accueil pour les victimes, des politiques de prévention auprès des jeunes et le déploiement du dispositif téléphone grave danger, qui n’existe pour l’instant qu’à la Ré.


DROITS CIVIQUES, LIBERTÉS

La romancière turque Asli Erdogan lauréate du prix Simone—de—Beauvoir

«Une femme qui a choisi l’écriture, construit une œuvre magnifique, source d’inspiration pour la résistance de la population turque, traduite dans le monde entier» : c’est par ces mots que le jury du prix Simone—de—Beauvoir, créé en 2008, décrit la lauréate 2018 : l’écrivaine turque Asli Erdogan. Récompensant «la liberté des femmes», le prix a été décerné à l’unanimité et lui sera remis officiellement le 10 janvier à Paris. Dans son communiqué, le jury souligne le «courage politique inouï» dont fait preuve Asli Erdogan, également journaliste et militante des droits humains. Car la romancière de 50 ans, dont les romans sont traduits dans une dizaine de langues, risque actuellement la prison à vie dans son pays.

Elle est en effet poursuivie pour «propagande terroriste», en faveur de la rébellion kurde du PKK, parce qu’elle a publié des chroniques dans le journal prokurde Özgür Gündem. Son arrestation, le 17 août 2016, et sa détention pendant cent trente—deux jours ont provoqué une vague d’indignation en Turquie et en Occident. Elle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire en décembre 2016, en attendant son jugement en février prochain. Les textes incriminés ont été publiés en France sous le titre le Silence même n’est plus à toi aux éditions Actes Sud. La ministre de la Culture française, Françoise Nyssen, ancienne codirectrice de la maison d’édition, a d’ailleurs adressé ses félicitations à Asli Erdogan à l’annonce du prix, estimant que cette récompense venait «saluer son courage et son engagement sans faille pour l’émancipation des femmes».


TRAVAIL

Les femmes à l’abordage des sous—marins de l’armée

L’US Navy et la Royal Navy les autorisent à bord depuis quelques années, tout comme l’Australie, le Canada, la Suède ou la Norvège. L’armée française s’y met (enfin): quatre femmes officiers, dont une femme médecin, feront partie de l’équipage du prochain sous—marin nucléaire français à partir en patrouille, une première. Parmi ces pionnières figurent aussi une spécialiste du nucléaire et une spécialiste de la plongée, a annoncé en décembre le chef d’état—major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck. L’ouverture de la filière sous—marine au personnel féminin avait été annoncée en 2014. Les quatre femmes ont suivi un cursus de deux ans de préparation et sont désormais dans une phase finale d’entraînement. La mission à bord d’un sous—marin lanceur d’engins (SNLE) dure soixante—dix jours. La Marine française compte environ 15% de femmes, dont 9% en mer, mais la filière sous—marine ne leur était jusqu’alors pas ouverte, une interdiction justifiée par des arguments pratiques pas vraiment convaincants (manque de places à bord pour des chambres non mixtes notamment).

VIE PRIVÉE, FAMILLE

Salvador : quand accoucher d’un enfant mort—né conduit en prison

Teodora Vasquez était enceinte de près de neuf mois quand elle a appelé les urgences le 14 juillet 2007, depuis les toilettes du collège de San Salvador où elle était employée. Faute de réponse des urgences, elle avait été victime d’une grave hémorragie, et son bébé était mort—né. Une fausse couche qui vaut à la jeune femme d’être emprisonnée depuis près de dix ans. En décembre, un tribunal du Salvador a confirmé sa condamnation à trente ans de prison, la jugeant coupable d’homicide. Au cours de son premier procès en 2008, Teodora Vasquez, aujourd’hui âgée de 34 ans, avait été condamnée à la même peine. Le parquet a conclu que l’accusée avait «caché» sa grossesse et qu’«elle ne voulait pas d’un bébé», ce qu’elle a démenti. «Je suis innocente, j’ai une famille pour laquelle je veux me battre, j’ai des gens qui m’aiment et j’ai besoin d’être avec eux», a déclaré Teodora il y a peu.

Le code pénal de ce pays d’Amérique centrale, qui possède l’une des législations anti—IVG les plus strictes du monde, prévoit une peine de deux à huit ans de prison en cas d’avortement. Mais en pratique, les juges considèrent l’avortement ou la perte du bébé comme un «homicide aggravé», puni de trente à cinquante ans de réclusion. Au moins 26 femmes, souvent de milieux défavorisés, ont été arrêtées dans le pays pour avoir perdu leur bébé, et certaines d’entre elles purgent de lourdes peines. Le Parlement européen a demandé, dans une résolution, leur «libération immédiate et inconditionnelle». «Nul ne devrait être jeté en prison» pour ce type de faits, ont estimé les eurodéputés. Teodora Vasquez a aussi reçu le soutien de plusieurs ONG, dont Amnesty International.

EDUCATION

En banlieue parisienne, un blocus contre le sexisme en classe

«On n’en peut plus de subir ça au quotidien sous les yeux passifs des professeurs» : environ 300 élèves se sont mobilisés le 21 décembre devant le lycée Pissarro de Pontoise (Val—d’Oise) pour protester contre le harcèlement et les agressions sexuelles restées impunies au sein de l’établissement. Répondant à un appel lancé sur Facebook, les élèves ont bloqué deux des entrées du bâtiment avec des poubelles et brandi des messages contre le sexisme, raconte le Parisien. Plusieurs lycéennes affirment être victimes de réflexions et de gestes inappropriés dans les couloirs et dans les salles de classe. «Les mecs de la classe dénigrent vraiment les femmes», témoigne ainsi Hajar, en terminale, qui raconte avoir déjà subi des mains aux fesses. Un phénomène qui existe dans tous les établissements, détaille le quotidien. Pourtant, rappelle le Parisien, la lutte contre le harcèlement sexuel à l’école n’est pas une priorité du nouveau ministre de l’Education nationale, Jean—Michel Blanquer. Si ce dernier juge «inacceptables» les violences faites aux femmes, il s’est refusé à leur consacrer un plan dédié. Selon une enquête du ministère de l’Education nationale publiée en décembre, plus d’une jeune fille sur dix déclare avoir déjà subi des insultes relatives à son sexe au sein de son établissement, des chiffres probablement sous—estimés selon Emmanuelle Piquet, psychopraticienne interviewée dans nos pages

http://www.liberation.fr/planete/2017/12/31/asli—erdogan—distinguee—sous—marins—feminises—pianistes—sexualisees—decembre—dans—la—vie—des—femmes_1618952

31.12.2017
FRANSA
A.Delmas—J.Deborde,Liberation


 

Haberler Biyografi Kitaplar Fotoðraflar Röportajlar Köþe Yazýlarý   Ýletiþim Ana Sayfa
Design by medyanomi